Honnêteté radicale, pour une écologie de l'information

A l’ère de l’information, la manipulation sous toutes ses formes, de la post-vérité à la novlangue, représente sans doute un nouveau type de pollution.


La désinformation de masse est moins visible que les marées noires mais tout aussi toxiques. Et nos petits mensonges du quotidien, s’ils font moins de dégâts que la fiole de Collin Powel, sont comme les sacs plastique qu’on abandonne négligemment au détours d’une discussion, ils polluent insidieusement l’espace d’information.

Mais pourquoi est ce que je mens ?
Si l’on met de côté les professionnels du mensonge, dont les motifs sont évidents, comment peut on expliquer que nous mentons tous ? Comment se fait-il que nous laissions sortir de notre bouche un message pollué ? Pourquoi notre perception de ce qui est, n’est pas livré brute, mais recouverte d’un emballage plastique de morale, de pudeur,… ?
Pour explorer notre inclinaison à la dissimulation, séparons le mensonge à propos de l’autre et celui à propos de soi.

… à propos de l’autre
Quand ma mère me demande mon avis sur sa coupe de cheveux, pourquoi est-ce que je mens ?
Pour ne pas lui faire de peine, bien sûr (en y réfléchissant un peu, c’est plutôt par peur d’être un mauvais fils). A titre personnel, je préfère que l’on me dise honnêtement ce que l’on pense de moi, même si cela n’est pas facile à entendre. Souvent des remarques qui m’ont fait de la peine dans un premier temps, m’ont permis une prise de conscience et ont entraînées une évolution chez moi. Avec le recul je suis donc bien content qu’on m’ait fait ces remarques.
Alors pourquoi ne pas offrir à l’autre (s’il m’ y autorise) ce que je souhaite pour moi ? Pourquoi laisser cette pollution étouffer la vitalité de notre relation ? Pourquoi ne pas lui permettre d’évoluer grâce à une information transparente et écologique ?

… à propos de moi
Si je ne dis pas ce que je ressens, si je ne reconnais pas ce que je pense, qu’est ce qui m’empêche d’être honnête, d’étre écologique ?
Le besoin d’être accepté, d’être aimé et de ne pas être rejeté, m’invite à dissimuler une part de moi (que ce soit à l’autre ou à moi-même). Mais en dissimulant cette part, je l’exclue, je ne l’accepte pas et je lui fais subir ce que je voulais à tout prix éviter moi-même : le rejet. Je ne fais que renforcer la croyance que quelque chose en moi n’a pas sa place, n’est pas bienvenue. Je me prive de la possibilité de reconnaître, d’inclure et de transcender cette part non assumée.

Résumons:
Si je te mens à propos de toi c’est pour prendre soin de toi, ou plutôt de mon image. Dans tous les cas je te prive d’une information qui pourrait te faire évoluer.
Si je mens à propos de moi, c’est pour être accepté. Dans ce cas, je nous prive tous deux d’une information qui pourrait nous faire évoluer.


Avoir des relations écologiques, transparentes et transformantes est l’une des priorités de mon existence. Utiliser la communication comme un outil au service de l’évolution, au service de la Vie. Par le dialogue se dé-couvrir de ses couches d’illusions et se nettoyer mutuellement par et grâce au regard de l’autre.

Au cours de mes recherches j’ai découvert des outils favorisant les relations écologiques. Je serai heureux de les partager avec toi pour avoir ton retour.


Hey… ca te tente de faire une expérience ?
“Le Méa Culpa”.
Choisis une personne qui t’es proche et pense à un ou à tous les petits mensonges, même insignifiants, qui ont pu se glisser au travers vos échanges et discussions. Quand la liste est faite, propose (sans l’imposer bien sûr) à cette personne d’entendre ton Méa Culpa :
”En prenant le temps d’y repenser je me suis rendu compte que je t’ai mentis a propos de : …” .
Après chaque mensonge avoué, remercie ton partenaire pour son écoute, demande lui ce qu’il a entendu et ensuite comment il se sent. Seulement après ces 3 étapes, tu peux, s’il le souhaite, passer au mensonge suivant dans la liste.

ATTENTION: j’ai fais mon Mea Culpa auprès de mon partenaire, pour moi-même, ca n’aurait aucun sens d’exiger de lui qu’il fasse la même chose, s’il n’en n’a pas l’initiative.
Ceci étant posé, l’exemplarité est le meilleur moyen pour inviter l’autre à l’honnêteté. Face à une personne pleinement authentique, vulnérable et transparente, l’interaction est différente : le souffle de l’honnêteté radicale dissipe le nuage de pollution mondaine ordinaire.
Si tu fais l’expérience, n’hésites pas à le partager dans les commentaires.

PS: dans un soucis d’honnêteté je tiens a préciser les moteurs qui m’ont donné l’élan d’écrire et poster cet article :
-côté ombre: besoin de reconnaissance, gagner en visibilité, envie de faire de la com’
-côté lumière : plaisir d’écrire, d’approfondir cette thématique, d’échanger des idées, faire connaître des concepts utiles
mais surtout : utiliser le réseau social le plus pollué, et peut être le plus polluant du net, pour faire l’éloge d’une écologie de l’information.